17 Oct 2022
Herard Louis
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(SUITE) Café civique du lundi 17 octobre 2022
Les Collectivités Territoriales, la Décentralisation et les Rôles des Partis Politiques
« JURE ENFIN DE POURSUIVRE À JAMAIS LES TRAÎTRES ET LES ENNEMIS DE TON INDEPENDANCE. »
(….du nombre des peuples libres).
Gardons-nous, cependant, que l’esprit de prosélytisme ne détruise notre ouvrage; laissons en paix respirer nos voisins; qu’ils vivent paisiblement sous l’égide des lois qu’ils se sont faites, et n’allons pas, boutefeux révolutionnaires, nous érigeant en législateurs des Antilles, faire consister notre gloire à troubler le repos des îles qui nous avoisinent; elles n’ont point, comme celle que nous habitons, été arrosées du sang innocent de leurs habitants; elles n’ont point de vengeance à exercer contre l’autorité qui les protège.
Heureuses de n’avoir jamais connu les idéaux qui nous ont détruits, elles ne peuvent que faire des vœux pour notre prospérité.
Paix à nos voisins; mais anathème au nom français, haine éternelle à la France: voilà notre cri.
Indigènes d’Haïti! mon heureuse destinée me réservait à être un jour la sentinelle qui dût veiller à la garde de l’idole à laquelle vous sacrifiez; j’ai veillé, combattu quelquefois seul, et si j’ai été assez heureux pour remettre en vos mains le dépôt sacré que vous m’avez confié, songez que c’est à vous maintenant à le conserver. En combattant pour votre liberté, j’ai travaillé à mon propre bonheur. Avant de la consolider par des lois qui assurent votre libre individualité, vos chefs, que j’assemble ici, et moi-même, nous vous devons la dernière preuve de notre dévouement.
Généraux, et vous chefs, réunis ici près de moi, pour le bonheur de notre pays, le jour est arrivé, ce jour qui doit éterniser notre gloire, notre indépendance.
S’il pouvait exister parmi nous un cœur tiède, qu’il s’éloigne et tremble de prononcer le serment qui doit nous unir. JURONS À L’UNIVERS ENTIER, À LA POSTÉRITÉ, À NOUS-MÊMES, DE RENONCER À JAMAIS À LA FRANCE ET DE MOURIR PLUTÔT QUE DE VIVRE SOUS SA DOMINATION; DE COMBATTRE JUSQU’AU DERNIER SOUPIR POUR L’INDÉPENDANCE DE NOTRE PAYS.
Et toi, peuple trop longtemps infortuné, témoin du serment que nous prononçons, souviens-toi que c’est sur ta constance et ton courage que j’ai compté quand je me suis lancé dans la carrière de la liberté pour y combattre le despotisme et la tyrannie contre lesquels tu luttais depuis 14 ans. Rappelle-toi que j’ai tout sacrifié pour voler à ta défense: parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté; que mon nom est devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l’esclavage, et que les despotes et les tyrans ne le prononcent qu’en maudissant le jour qui m’a vu naître; et si jamais tu refusais ou recevais en murmurant les lois que le génie qui veille à tes destins me dictera pour ton bonheur, tu mériterais le sort des peuples ingrats. Mais loin de moi cette affreuse idée; tu seras le soutien de la liberté que tu chéris et l’appui du chef qui te commande. Prête donc entre vos mains LE SERMENT DE VIVRE LIBRE ET INDÉPENDANT, ET DE PRÉFÉRER LA MORT À TOUT CE QUI TENDRAIT À TE REMETTRE SOUS LE JOUG. JURE ENFIN DE POURSUIVRE À JAMAIS LES TRAÎTRES ET LES ENNEMIS DE TON INDEPENDANCE.
Fait au quartier général des Gonaïves, le premier janvier mil-huit cent-quatre, l’an 1er de l’Indépendance:
(Signé):
J.J. DESSALINES
( Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome III, 1803-1807, Éditions Henri Deschamps, Port-au-Prince, pp.146-150.
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